À plus de 70 ans, la perspective d’obtenir un prêt immobilier ou un crédit à la consommation s’accompagne inévitablement de contraintes spécifiques, notamment en matière d’assurance emprunteur. Si aucun âge légal maximal n’empêche formellement la souscription d’un prêt, la réalité du marché de l’assurance impose des conditions particulières aux seniors. Les banques, conscientes des risques aggravés liés à l’âge et à la santé, adaptent leurs exigences et orientent vers des solutions sur mesure, souvent plus coûteuses. Par ailleurs, les enjeux de couverture évoluent avec l’avancée en âge, certaines garanties devenant inaccessibles ou limitées. En 2025, les avancées réglementaires, les dispositifs comme la convention AERAS, et la présence de grands acteurs comme Generali, Allianz, Groupama ou La Banque Postale dessinent un paysage assurantiel qui mérite une attention détaillée.

Conditions et défis de l’assurance emprunteur après 70 ans

À partir de 70 ans, le paysage de l’assurance emprunteur se complexifie. En théorie, il n’existe pas de limite d’âge officielle pour souscrire une assurance emprunteur après 70 ans, que ce soit pour un prêt immobilier ou un crédit à la consommation. Toutefois, dans la pratique, les compagnies d’assurance et les établissements bancaires imposent des restrictions basées sur l’âge maximal de l’emprunteur à la fin du crédit. Ce plafond oscille généralement entre 70 et 85 ans selon les cas et les types de garanties. Plus l’âge de l’emprunteur augmente, plus le risque médical est évalué comme élevé, conduisant à une majoration significative des primes.

Pour certains contrats proposés par de grands acteurs comme Generali ou Allianz, les garanties complètes incluant la couverture décès et invalidité peuvent ne plus s’appliquer au-delà de 70 ans. Par exemple, la garantie perte totale et irréversible d’autonomie (PTIA) est fréquemment limitée à cet âge, tandis que la garantie décès est parfois prolongée jusqu’à 85 ans, voire 90 ans chez certains assureurs comme Swiss Life ou Axa, sous conditions strictes. Cette segmentation des garanties s’explique par la volonté des assureurs de maîtriser leurs risques tout en maintenant une offre accessible aux seniors.

La souscription après 70 ans implique systématiquement un questionnaire médical détaillé. Celui-ci peut inclure la déclaration d’antécédents, la réalisation d’examens sanguins, voire des tests spécifiques, notamment si l’emprunteur présente un historique médical chargé. Dans certains cas, la Macif ou la Mutuelle Générale, connues pour leur flexibilité, peuvent proposer des solutions adaptées aux situations complexes, à condition que les garanties demandées soient en adéquation avec le profil de risque.

La nature même du contrat proposé varie aussi selon que l’assurance soit en délégation ou de groupe. Les contrats de groupe, communs chez les établissements bancaires traditionnels tels que LCL ou La Banque Postale, mutualisent les risques sur une large base d’assurés jeunes et seniors, ce qui tend à modérer les coûts pour les emprunteurs âgés. En revanche, les contrats individuels donnent une plus grande latitude dans le choix des garanties, mais au prix de primes généralement plus élevées pour les seniors. La comparaison entre ces deux formes de contrat est donc un élément critique pour optimiser le coût global d’un emprunt au-delà de 70 ans.

Le rôle de la convention AERAS pour les emprunteurs seniors avec risques de santé

Pour les personnes de plus de 70 ans confrontées à des antécédents médicaux importants, la convention S’Assurer et Emprunter avec un Risque Aggravé de Santé (AERAS) demeure une étape clé, bien que ses limites temporelles pèsent sur son applicabilité dans cette tranche d’âge. Créée pour faciliter l’accès au crédit des personnes présentant des risques aggravés de santé, cette convention offre, entre autres, le droit à l’oubli, qui permet aux anciens malades de ne pas déclarer certains troubles médicaux après un délai de cinq ans sans rechute, notamment en cas de cancer ou hépatite C.

En 2025, ce dispositif s’adresse principalement aux emprunteurs dont le contrat d’assurance se termine avant 71 ans, ce qui exclut donc parfois les emprunteurs les plus âgés. Néanmoins, la convention prévoit plusieurs niveaux d’expertise pour évaluer chaque dossier : un premier examen basé sur la grille de référence des pathologies, qui rassemble de nombreuses affections permettant d’accéder à une assurance en conditions quasi standards. Si les conditions ne sont pas remplies, un deuxième ou même un troisième niveau d’inspection médicale est déclenché, mobilisant des experts pour proposer des solutions personnalisées.

Parmi les assureurs importants impliqués dans la mise en œuvre de cette convention figurent CNP Assurances et Groupama, qui disposent de services médico-assurantiels dédiés aux profils à risque. Ces derniers étudient les dossiers avec soin afin de limiter la surprime ou les exclusions de garanties, particulièrement sensibles lorsque l’âge dépasse les 70 ans.

Par exemple, un emprunteur de 68 ans avec un historique de cancer guéri depuis plus de six ans pourra, à condition que son crédit se termine avant ses 71 ans, bénéficier d’une assurance emprunteur adaptée à des conditions proches du standard. Cette possibilité illustre la portée concrète de la convention AERAS pour dépasser certains obstacles jugés a priori insurmontables par les assureurs classiques. Toutefois, passé ce seuil d’âge, les alternatives se raréfient, imposant parfois aux seniors de recourir à d’autres solutions de garantie comme le nantissement ou la caution externe.

L’impact de la santé sur la tarification et les garanties

La qualité de la santé joue un rôle primordial dans la détermination du montant de la prime d’assurance emprunteur. Ainsi, chez Allianz ou Axa, il n’est pas rare que des surprimes importantes soient appliquées pour les seniors présentant des antécédents médicaux, en particulier au-delà de 70 ans. Cette majoration peut facilement doubler le coût standard d’une assurance.

En revanche, pour les emprunteurs en bonne santé, certains contrats proposés par La Banque Postale ou Generali tentent d’ajuster les primes en fonction des résultats médicaux actuels plutôt que sur des critères purement statistiques liés à l’âge. Cette approche individualisée ouvre la voie à des primes plus raisonnables pour les seniors actifs et dynamiques.